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Si le net peut être considéré comme un territoire, aussi bien à construire qu’à conquérir, alors qu’en est-il de sa géographie ? Oui, nous parlons bien de la bonne vieille « géo » et de ses cartes. Mais, comme toujours avec le monde numérique, il faut considérer deux pôles.
Côté virtualité, une « géographie du numérique » reste une discipline à inventer. Elle serait en tout cas nécessaire, car les nouveaux territoires numériques sont déjà largement peuplés et leurs topologies, frontières, frictions… conditionnent aujourd’hui nos existences et nos citoyennetés.
Côté réalité, une « géographie des infrastructures », bien plus évidente, à instruire d’urgence : où sont les datacenters1 ? Par où passent les câbles ? A qui appartiennent ces infrastructures et qui les contrôle ? Où sont les « éboueurs du web »2 ? Quelles sont les menaces, les stratégies… ? Il ne s’agit pas seulement d’établir des cartes, qui existent plus ou moins3 et qui sont plus ou moins publiques, mais d’en dégager les significations et les implications puis d’en élaborer un enseignement.
Les concepts de la géographie peuvent aider le citoyen numérique à comprendre les enjeux de territoires, réels et virtuels, qui le dépassent aujourd’hui largement, à élaborer une conscience des cyber-conflits qui menacent, et plus généralement à développer un point de vue politique… sans être exclu par un discours technicisé et par ailleurs assez peu utile.
La géographie n’est pas suffisante, loin de là, mais elle semble plus que jamais nécessaire…
1. ↑ Yves Eudes, Photos Stefan Bladh pour Le Monde — Dans le data center de Facebook, aux abords du cercle polaire
2. ↑ Jacques Pezet pour Rue 89 — 10 mai 2016 — Aux Philippines, des milliers de modérateurs nettoient l’Internet pour nous
3. ↑ Wikipédia — Maillage de l’infrastructure Internet en France